Léopold Laka Ankude a découvert chez Assou, le potentiel de la matière. L’assemblage des éléments divers (cartons, bois, fibres végétales, terres…) pouvait lui offrir une grande liberté. “Mais quand la matière arrive, elle assombrit terriblement le support. Elle opacifie. Je pense qu’à partir de cet instant, mon travail a été de lui redonner la clarté. De faire que cette surface s’illumine.” On est en 2000, et aujourd’hui encore, il poursuit ce même chemin. Venue du dedans, comme du dehors, la clarté donne un sens à la construction, qu’il s’agisse de la vie ou de la toile.
Existentielle, la peinture de Laka Ankude l’est depuis le commencement. Il parle souvient “d’une quête de liberté. Je pense avoir toujours vécu le fait de peindre dans un grand plaisir, la certitude qu’il y avait une forme de délivrance aussi. En somme un plaisir nécessaire, quasi thérapeutique.”
L’émergence du bleu en 2018 marque au final une sorte de franchissement. “Lorsque je commence à peindre dans cette couleur en recherchant les pigments parfaits, c’était comme de trouver un aboutissement dans ma recherche de moi. Je parle parfois de l’aube, pour ce bleu. A mes yeux, c’est un jour nouveau.”
Autour de cette seule couleur, Kossi Homawoo aurait pu rencontrer Laka Ankude. Mais leur rencontre est plus ancienne. Elle s’enracine dans la terre togolaise, dans cette puissance des traditions qui continue de marquer le travail du peintre. Les impressions communes qui vont naître, le travail à quatre mains autour de la peinture, seront de cette matière lumineuse. “J’aime l’énergie que dégage le projet. De rendre la lumière grâce au tableau… c’est une chose qui me plait infiniment. C’est une vision très humaniste.” Le chemin continue, mi-ombre, mi-lumière. Il arrive en face d’un grand fleuve. Des musiciens jouent, des enfants éclaboussent le soleil. Les mères éternelles regardent. Bleues.
Roger Calmé (ZO mag’)