Son amitié avec Ben Vautier témoigne de cette longévité du sens. « Il est un des rares à comprendre que la peinture n’est pas une recherche nombriliste, mais véhicule la mémoire des peuples, leur résistance, leur personnalité. » De la peinture donc, mais aussi du body painting, de l’impression radiographique, de l’exploration sensorielle, de la sculpture monumentale, et de l’édition encore, des mots, des lumières, qui font bouger les lignes d’horizon et la représentation temporaire du monde.
« C’est une liberté comme on n’en imagine pas, »résume Kossi Homawoo, qui l’a retrouvé, en partie, dans l’intérêt que Michel Batlle porte à l’Afrique et son environnement spirituel. De plus, l’un et l’autre exploitent ce que les médiums contemporains offrent de possibilités. Les premières impressions sur plexiglas ont ainsi vu le jour. Des visages somptueux, bruyants, abusifs, sans limite, des corps en devenir, parce qu’on leur laisse la liberté « avec deux L ».
« Il n’impose aucun discours, aucune interprétation. C’est quand même formidable, quelqu’un capable de vous dire : « Faites-en ce que vous voulez, c’est à vous. » Au propre et au figuré, une œuvre qui vous revient, avec laquelle vous allez vous entendre. L’esprit des « arteurs » se résume dans cette seule phrase. Une expérience artistique commune, entre celui qui produit et celui qui regarde.
Roger Calmé (ZO mag’)