Et si tout était là, autour de nous, comme une synthèse du sentiment? “J’ai passé une partie de mon enfance en Afrique. Mon père travaillait à la construction d’un barrage au Nigéria. Je pense en avoir ramené des images de clarté, de la lumière et des parfums qui se collent les uns aux autres.” Le collage donc, l’assemblage qu’elle répète dans son travail, au travers de ses sculptures, masques et totems, peints de pigments végétaux et de rouilles solaires. Le temps toujours, jusque dans l’objet premier, à la façon des créateurs africains, récupéré, chiné et déniché, rendu à une autre vie. “Je ne cherche pas à savoir à quoi il a servi, et d’où il vient, je sens juste qu’il a vécu, que des mains l’ont tenu… et je lui propose autre chose.” L’objet dans un dialogue qui s’invente.
Il y a forcément une spiritualité dans cette recherche, mais elle n’en parle pas. De ses voyages en Afrique non plus. Pourtant ils sont fréquents, essentiels à son imaginaire et sans doute, la reconduisent-ils à l’essentiel. La céramique en fait partie et Kossi Homawoo entend l’associer à ses lumières. La lumière et la terre, deux principes alchimiques à la création.
Dans une très belle série, qui s’appelle “Terres-éponges”, Peggy interroge justement cette pulsation originelle. Il y a un milliard d’années, parmi les premières formes vivantes, apparaissaient ces mystérieuses créatures, à l’intersection des genres. C’est assez magique une éponge, qui serait née dans le feu et la mer, et qui tiendrait d’une fleur et d’un animal. C’est la vie et c’est le temps, dans la plus mystérieuse des associations. Peggy Renaud sourit. Le temps est immense, et il est comme un jardin, au milieu de lui-même.
Roger Calmé (ZO mag’)